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par CristaudeHauguernes » 15 avr. 2015, 22:44
Bonsoir à tous,
Sujet très intéressant et qui nous inquiète et préoccupe tous, notamment en rapport avec nos activités et centres d'intérêt. Je vais apposer ma pierre à la réflexion collective, sur la foi de relevés et observations de plus de trente ans. Ce qui nous apparaît comme une tendance lourde et irréversible au présent ne l'est pas forcément, le climat est particulièrement déjanté depuis quelques décennies mais dans le fond on ne sait pas trop où il veut en venir, surtout qu'en vous lisant on note des infléchissements parfois diamétralement opposés propre à certaines régions voisines. Je vais donc vous parler de l'exemple du sud-ouest que je connais un peu mieux et développer quelques cas précis...
1 Depuis la fin des années 80, au sortir des grands hivers froids 1985, 1986 et 1987, le sud-ouest a vécu pendant près de 25 ans sous le régime d'un climat plus sec, notamment les hivers, qu'à son habitude et beaucoup, j'en étais, ne doutaient plus que cette tendance irait s'amplifiant dans le courant du 21ème siècle, surtout que cela semblait concorder avec ce que les experts nous assuraient. Plus jeune, dans les années 70, je me souviens d'hivers de pluie, parfois très pluvieux mêmes et de longues séquences de giboulées au printemps, avec quelques parenthèses (très) froides et souvent de la neige à Noël. Et donc, à partir de 1988-1989, nous avons traversé des hivers nettement plus secs avec des épisodes de pluies diluviennes très resserrés. Dans un premier temps, jusqu'en 2001 inclus, globalement ces hivers furent aussi caractérisés par une grande douceur, déprimante à bien des égards. Puis, à partir de décembre 2001, les hivers sont restés globalement déficitaires en pluie, mais sont devenus beaucoup plus froids. Nous avons connus de longues périodes de gelées parfois fortes, les -10 degrés n'étaient pas tellement rares certains matins au pied des Pyrénées. Mais, faut-il y voir l'œuvre d'un ensoleillement généreux, les morilles pointaient en deuxième quinzaine de mars.
2 Dans un même temps, hormis l'épouvantable 2003, depuis 1990 les étés ont perdu de leur superbe au pied des Pyrénées, et plus particulièrement à partir du début des années 2000, tandis que le reste du pays surchauffe, notamment l'est et le nord-est, ici, nous basculons très vite en brise marine et la grisaille générée persiste plus longtemps par blocage orographique aux abords des Pyrénées.
3 Nous avons connu des mois de mars chauds et secs entre 2000 et 2012, les valeurs dépassant nettement les 25 degrés n'étaient pas rares sous un soleil implacable à partir du 10 mars.
4 Et voilà que depuis l'hiver 2012-2013, le climat a négocié un virage à 90°, sans transition nos hivers sont redevenus extrêmement pluvieux et l'ensoleillement peau de chagrin (ce n'est pas neutre d'ailleurs dans le cycle des morilles comme j'ai pu l'écrire), les mois de mars ont été rétrogradés de 4 ou 5 degrés, recollant aux normales saisonnières voire en dessous. En contrepartie, c'est bien ce qui nous fait enrager pour la saison des morilles, les pics de chaleur atteignant ou dépassant les 30 degrés sont devenus une habitude en première quinzaine d'avril. Quant aux étés, ils sont émaillés depuis 2011 de très longues séquences de flux zonal, avec succession de perturbations très pluvieuses, d'orages violents (cf juin juillet 2014) et de chutes de températures de plus de 15 degrés. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si deux pousses considérables de cèpes se sont produites en juillet 2011 et 2014.
Voilà ce que je pensais utile de verser à votre réflexion, le climat est tendu comme un élastique en ce moment, çà semble dysfonctionner un peu partout, nos confrères du centre, du nord et de l'est désespèrent de voir revenir la pluie, nous en avons trop, mais ce récent revirement dans le sud-ouest tend à démontrer que rien n'est encore établi ni irréversible... Et plus que jamais, nous devons prendre soin de cette petite planète qui nous prête vie... Parce qu'il pourrait nous en cuire de savoir où le climat voulait en venir...
Cristau