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par CristaudeHauguernes » 19 mai 2015, 20:10
Bonsoir à tous,
Je prends ce sujet brûlant en cours de discussion, je vais essayer de rassembler mes idées et d'exposer comment, à titre personnel, je me suis progressivement fixé et tenu à des limites (d'ordre physique) depuis la pousse exceptionnelle de 2006 et dans une moindre mesure celle de 2011...
1 Je ne suis pas favorable à la limitation des cueillettes, par jour et par personne. Cette mesure me semble aberrante pour la bonne et simple raison que, hors période de grande pousse, les cueillettes de la plupart d'entre nous atteignent rarement les deux kilogrammes par jour et en période de grande pousse, il est effectivement très difficile psychologiquement, devant des parterres de cèpes ou d'autres espèces, de cesser de cueillir à 2, 3 ou 5 kilogrammes... En outre, pour sévir presque quotidiennement depuis des décennies dans des bosquets qui flanquent notre maison, je puis attester que les cèpes ne semblent pas souffrir de mes prélèvements, bien au contraire. Bien évidemment, tout est question de comportement raisonnable et responsable, en laissant grandir suffisamment les spécimens, on leur permet de sporuler et d'assurer la pérennité de l'espèce...
2 L'idée d'un permis de cueillette me semble une mauvaise solution à un vrai problème. On va encore légiférer en prétendant éradiquer certaines pratiques et décourager les cueilleurs "à but lucratif". De fait c'est notre loisir et notre passion qu'on va brider et encadrer. Personnellement je ne me vois pas payer un permis pour cueillir les cèpes, les oronges et les girolles qui poussent sous mes fenêtres.
3 Je comprends que certains puissent revendre occasionnellement les surplus de leurs cueillettes, notamment aux restaurateurs locaux, en particulier les gens des catégories défavorisées, les retraités, ..., à condition bien sûr que cela ne devienne ni ne relève d'une habitude. Et je n'entends rien faire ni publier, ici ou ailleurs qui facilite ou encourage de telles activités. Les réseaux de ramassage "industriel" qui ratissent et saccagent nos écosystèmes comme celui qui agit sur les morillères d'un certain gave haut-béarnais, je le tiens de source sûre pour avoir des antennes locales, non seulement ne doivent pas bénéficier de nos informations, mais encore doivent être surveillés et, si leurs activités enfreignent la législation, amendés par les pouvoirs publics...
4 Il me semble très difficile de faire appliquer de fait une interdiction de cueillir les "petits" spécimens. Déjà faudrait-il s'entendre sur les tailles limites propres à chaque espèce en deçà desquelles on ne devrait pas cueillir. Surtout que nous savons bien que la chose peut arriver à tous, fût-ce accidentellement... Je suis bien d'avis qu'il faille continuer à décourager et dénoncer cette pratique, mais la difficulté majeure doit tenir à un blocage psychologique qu'il faudrait lever par l'éducation : beaucoup de cueilleurs ont peur de laisser des champignons trop petits à l'idée que le suivant aura moins de scrupules. Je suis certainement un des rares privilégiés qui peux dans certaines places laisser pousser à l'envi cèpes et morilles. Peut-être faudrait-il donc marteler aux plus jeunes (pour les anciens n'est-il pas trop tard ?) cette idée que la perpétuation d'une espèce justifie que l'on prenne le risque de laisser croître et sporuler de petits spécimens. Et tant pis si pour récompense de cette bonne action, on ne les retrouve pas...
Ceci étant posé voici comment à titre personnel, je me suis progressivement fixé des limites depuis la pousse exceptionnelle de 2006. De mon point de vue, les commodités de la voiture un jour de cueillette facilitent les comportements préjudiciables car un véhicule, non seulement, peut rapidement délester les cueilleurs de paniers bien (trop) pesants s'il est stationné judicieusement, mais encore facilite de rapides transports pour de nouvelles cueillettes quelques hectomètres/kilomètres plus loin. Depuis septembre 2006 après un temps de réflexion sur mon rapport à la cueillette, je me tiens autant que faire ce peut à cette règle simple (çà ne vaut pas pour les papis bien sûr) : une cueillette de champignons dès que possible doit avancer à l'énergie animale, soit à pieds, soit à bicyclette. Je n'utilise mon véhicule que lorsque le lieu de prospection envisagé ne peut être atteint dans un délai raisonnable pédibus, c'est notamment le cas lorsque je pars en montagne où les pentes sévères aident également à se limiter. Le plus souvent je me transporte donc à pieds, comme on randonne, avec en fonction de la pousse, soit de modestes sacs en toile, soit de grands cabas, pliés dans ma besace. De cette façon en temps de grosse pousse je couvre moins de terrain que je ne le faisais lorsque j'usais de la voiture. Et je puis vous assurer qu'avec deux cabas/paniers remplis de cèpes portés à bouts de bras sur plusieurs kilomètres en rentrant chez soi, les limites à la cueillette s'imposent d'elles-mêmes. En outre, avec l'âge, j'apprends aussi à laisser sur place des cèpes que j'aurais cueillis "pour l'omelette" il y a 10 ou 15 ans, mais qui sans être mous risqueraient de se détériorer rapidement et d'altérer leurs congénères avant le nettoyage. Le temps matériel peut aussi constituer une limite, surtout que mon père n'en mange pas et que je reste donc le seul à en consommer. Enfin, en période de grosse pousse, on peut aussi très facilement se modérer en conviant des amis à arpenter les bois.
Voilà en quelques mots ce que je pensais devoir écrire sur le sujet...
Cristau