Merci Hervé,
Dans un contexte de réchauffement global indéniable, mais ni inéluctable, ni totalement expliqué, contrairement à ce qu'on voudrait peut-être nous faire croire il y a encore des débats passionnants sur le sujet et de nouvelles découvertes scientifiques viennent sans cesse modifier les scénariis, certaines puissances (politiques, médias) saisissent la moindre poussée de fièvre du thermomètre pour nous inquiéter (je ne leur donne pas forcément tort de nous alarmer, c'est un autre problème sérieux) de ce que çà y est, on a la preuve que "çà se réchauffe"... C'est oublier un peu vite que les fortes chaleurs sont le propre de l'été (et d'ailleurs les mêmes devraient hurler au refroidissement global à la première gelée de Toussaint

). Pour ma part qui tiens mes relevés depuis 1985, à Salies de Béarn, je vois tous les 10 ou 15 ans surgir une série d'étés (beaucoup) plus chauds que les autres et cela ne m'effraie pas. Il y a eu 2003 et son mois d'août de sinistre mémoire, juillet 2006 dans une moindre mesure, une bonne poussée de fièvre aussi début-août 2010. Et aujourd'hui l'été 2015 s'annoncerait donc comme le pâle successeur (pour l'instant) de 2003. Dans les années 90 il y avait eu l'été 1999. Et 10 à 15 ans avant 2003 je me souviens de trois étés de torpeur, 1989 (41 degrés le 21 juillet), dans une moindre mesure 1991 et surtout le monstrueux été 1990 (20 valeurs à plus de 35 degrés dans mes coteaux entre juillet et août, des pointes à 38, 39, 40 degrés itératives). Je me souviens aussi des mois d'août et septembre 1987 (40 degrés le 20 août, 37 degrés les 17 et 18 septembre 1987, une semaine entière au-dessus de 35 degrés du 12 au 19 septembre à Salies) et de septembre 1985. A l'époque personne n'invoquait encore le réchauffement climatique et pour cause, cette théorie a été diffusée au grand public à partir de 1988, 1989, 1990, au cours d'un cycle très sec et très chaud en France. De fait, ces cycles de fortes chaleurs, la mémoire paysanne de mes ancêtres l'atteste, existent depuis la veille des temps comme les hivers froids.
Pourquoi alors, dans le contexte de médias racoleurs, sensationnalistes et acquis aux thèses réchauffistes (je ne les blâme pas, il est important de toutes façons de lutter contre les gaz à effets de serre), l'irruption des fortes chaleurs en été suscite-t-elle davantage de réactions, notamment inquiètes ? Pourquoi en parlons-nous davantage ? Le peu que j'ai observé et esquissé des transformations climatiques récentes m'inclinent à penser que ces pulsations chaudes remontent beaucoup plus au nord et à l'est que par le passé. Nos confrères du nord-est peuvent en témoigner. Et non seulement les fortes chaleurs gagnent plus facilement le nord, l'est, et le centre de l'Europe, mais encore elles y séjournent beaucoup plus longtemps que par le passé. En contrepartie de cette surchauffe continentale, de plus en plus on voit se lever les brises thermiques d'ouest sur le Golfe de Gascogne, rabattant leurs trains de nuages bas et leur fraîcheur sur les plaines gasconnes et les contreforts pyrénéens. Curieusement, la chaleur est de plus courte durée (en général) en Béarn au présent que par le passé, et de longues séquences de grisaille chagrine lui succèdent volontiers, ce qui ne manque pas de ternir un peu l'éclat de mes étés depuis 15 ans, tandis que je vois des 35 et des 38 sur les cartes à Strasbourg et à Colmart.
Une autre raison aussi, tient peut-être à l'urbanisation de notre pays, de plus en plus de gens vivent en ville, dans des villes de plus en plus grandes où le sol qui buvait la chaleur disparaît de plus en plus sous le goudron, qui dévore et restitue la chaleur le soir et la nuit. Il en ressort peut-être ce sentiment légitime mais erroné que "oui çà chauffe, et gravement..."
Pour conclure, dans un contexte de réchauffement global nous assistons avant tout à un rebattage des positions moyennes des centres d'action, cela joue sur le déplacement des masses d'air. À l'arrivée, certains ont des étés plus chauds, et ont toute légitimité à s'en étonner, mais d'autres se souviennent avec nostalgie de leurs beaux étés plus ou moins chauds et souvent orageux en fin de journée au pied des Pyrénées...
Cristau